Click on the small logo at the top right for a possible translation.

 

Interview  dans le journal L’Extraordinaire du 13 novembre 1993 p5 : extraits

 

 «…. Malène Daquin nous explique ci-dessous ses motivations et l’originalité de son travail en général…
 
…Je ressens toujours le besoin de m’exprimer sur des thèmes qui me touchent. Je n’ai jamais voulu faire un théâtre réaliste . Nous côtoyons la réalité tous les jours. Je suis également une spectatrice. J’ai toujours adoré aller au théâtre, je transcris dans mes mises en scène mes propres attentes lorsque moi-même je vais voir une pièce. J’attends du théâtre qu’il me renvoie la réalité déformée, transcendée, défigurée, magique. Je veux à la fois rêver et être à la fois touchée par des choses humaines et proches de moi. C’est pourquoi mes mises en scène sont souvent oniriques, mais trouve leur source dans la réalité humaine, universelle, intemporelle. Comme dans les tragédies anciennes, je veux voir des héros sur scène mais je les veux humains, avec leur force et leur faiblesse, leur fragilité. Il y a tout dans l’être, le monstrueux et le sublime. J’ai toujours monté et écrit des textes sur des sujets qui me parlent mais dans mon travail, le texte n’est jamais la préoccupation principale sinon je ne vois pas à quoi sert le théâtre ; on peut lire un texte et cela suffit. Ce qui m’intéresse, c’est d’exprimer tout ce que le texte ne peut pas dire avec des mots et bien sûr tout ce qu’il m’inspire au-delà des mots.
 
J’ai une formation de comédienne et de danseuse, j’ai étudié l’histoire de l’art à l’université… Pour moi la mise en scène c’est la construction d’un tableau vivant, c’est une chorégraphie, une forme de recherche et d’expérimentation. L’aspect visuel et corporel est très important. Je veux que les corps parlent, s’expriment au-delà des mots. Je choisis toujours des costumes qui soulignent excessivement le corps. J’aime l’excès avant tout. J’aime la sensualité au sens le plus large. Quand je vois un spectacle, je veux qu’il mette tous mes sens en éveil. Je voudrais que les gens sortent de mes spectacles en ayant tous leurs sens en éveil, qu’ils soient touchés par ce qui me touche.
 
Je n’ai jamais cessé de ressentir cette urgence à mettre en scène des sujets qui me préoccupent et me passionnent, que l’on retrouve au fil de mes créations, ancrés dans  cette réalité humaine que je me plais à travestir au travers de la fiction du théâtre. Entre autres thèmes que l’on retrouve : l’incommunicabilité, le féminin, le masculin qui existe en tout être, homme ou femme, la quête d’identité, l’enfermement, le besoin de liberté…
J’ai appelé ma compagnie l’Orange Bleue en référence à un poème d’Eluard qui dit : « La terre est bleue comme une orange » Cette notion d’universalité avec cette diversité culturelle est pour moi essentielle. Je m’intéresse à toutes les formes d’expression. Le théâtre est pour moi un art total. »…
  

Les décors, les éclairages et les photos sont de Jean Girot.